Faites passer l’info (Canal+) : reportage “Soutien scolaire, le business de l’espoir”

Partagez !
Accueil » Blog (2008-2014) » Canal + : soutien scolaire




Durant quelques annĂ©es, j’ai tenu un blog sur le soutien scolaire et le mĂ©tier de prof indĂ©pendant. Vous trouverez ci-aprĂšs une copie d’un article.

Faites passer l’info (Canal+) : reportage “Soutien scolaire, le business de l’espoir”
Date de parution : 8 juillet 2009

Canal +J’ai Ă©voquĂ© dans ce billet l’émission de Canal+ d’octobre 2007 “Soutien scolaire : le business de l’espoir” prĂ©sentĂ©e dans le magazine “Faites passer l’info”.

Ce reportage est disponible dans son intégralité (en deux parties) sur un site de partage de vidéos.

Cette Ă©mission pointe entre autres les dĂ©rives des “grands” organismes de soutien scolaire (Acadomia, Cours Legendre, ComplĂ©tude, Profadom, KeepSchool,
), en particulier le recrutement des « profs » : n’importe qui peut sans problĂšme se faire embaucher comme « prof » de n’importe quoi.

TournĂ© 18 mois ans avant le reportage d’EnvoyĂ© spĂ©cial : le soutien scolaire, rĂ©ussite ou Ă©chec, il permet de se rendre compte que la situation n’évolue pas vraiment !

En fait, c’est toujours le mĂȘme scĂ©nario :

  • l’organisme embauche un intervenant (une journaliste) sans aucune vĂ©rification de diplĂŽme; puis, devant le fait accompli, le gĂ©rant de l’organisme
.
  • 
 a une rĂ©action indignĂ©e : c’est une honteuse manipulation des mĂ©chants journalistes,
  • 
. et / ou bat sa coulpe : c’est une erreur rarissime, mais soyez sans crainte, nous allons amĂ©liorer nos procĂ©dures.
  • Le reportage montre Ă©galement un organisme de soutien dont le gĂ©rant est un scientologue dĂ©claré  et dont on ne peut affirmer que les cours soient exempts de prosĂ©lytisme. Ce n’est d’ailleurs pas trĂšs difficile avec un peu de recherche sur Internet de connaĂźtre le nom de cet organisme.

Également, l’émission pose la question de la responsabilitĂ© de la personne envoyĂ©e chez la famille. Quid d’un prĂ©dateur sexuel ou simplement d’un cambrioleur qui trouve porte grande ouverte et un enfant qui l’attend ?
La plupart de ces organismes Ă©tant mandataires, ils ne sont que de simples intermĂ©diaires et peuvent tout Ă  fait lĂ©galement s’en laver les mains
 ou tout du moins essayer.
Vous pouvez Ă  ce sujet consulter mon billet Ă  propos des Organismes de soutien scolaire mandataires et prestataires.


Commentaires

Luc a Ă©crit le 10 juillet, 2009 Ă  9:54
C’est quoi le nom de l’organisme “affiliĂ©â€ Ă  l’eglise de scientologie, si c’est pas secret?

Didier Kropp a Ă©crit le 10 juillet, 2009 Ă  10:26
@ Luc

Secret, non. Mais paranoïa oblige :mrgreen: je ne tiens pas à le dévoiler par écrit.

Une recherche sur Google avec la phrase “plus que du soutien scolaire notre vocation a Ă©tĂ© et restera le dĂ©blocage” que l’on repĂšre sur la vidĂ©o peut donner une piste intĂ©ressante 😉

DesEsseintes a écrit le 3 août, 2009 à 18:24
Dans l’ensemble, le reportage est affligeant.

Ceci dit, il l’est Ă©galement d’un point de vue journalistique. La moindre des choses me semblant en effet de vĂ©rifier la vĂ©racitĂ© des propos tenus par ceux qu’on interviewe.

La jeune femme “dĂ©goĂ»tĂ©e” d’avoir travaillĂ© pour des organismes de soutien scolaire est une menteuse.

Chose que l’on va dĂ©montrer assez rapidement :

Elle affirme avoir travaillĂ© plus de 40 heures par semaine. Soyons sĂ©rieux, c’est impossible dans le milieu du soutien scolaire.

  1. DĂ©jĂ  parce qu’il faut compter le temps de trajet entre les familles (Ă  moins qu’on lui ait refilĂ© des gens au sein d’un mĂȘme immeuble
). Perso je ne donne pas de cours de soutien, mais je fais de la formation professionnelle. C’est la mĂȘme chose : 30 minutes de battement entre deux familles, ou trente minutes de battement entre les entreprises. Si elle commence Ă  13h30 elle ne peut bosser que 4 heures jusqu’au soir, c’est mathĂ©matique.
  2. Ensuite, parce que la case du matin reste rarement utilisĂ©e par les parents : quand un gamin finit plus tĂŽt l’aprĂšs-midi il peut prendre des cours. Quand il commence plus tard le matin, il dort. Oui, certains ici pourront lister tout un tas d’exceptions, mais globalement c’est la rĂšgle.
  3. Egalement parce qu’elle n’est pas la seule employĂ©e de la boite. J’entends par lĂ  qu’un enseignant Ă  son compte peut accumuler les heures. Une simple employĂ©e comme elle reste tributaire du volume horaire lui Ă©tant proposĂ©. Normalement ce genre d’entreprise envoie ses profs selon les proximitĂ©s gĂ©ographiques, et rĂ©partit donc les heures entre les enseignants. Dites, ils n’ont qu’un prof dans la boite oĂč elle bossait????
  4. Enfin, parce que si ces dires Ă©taient vrais, cette nana aurait gagnĂ© 15 Euros net x 40h x 4 semaines = 2400 Euros nets par mois. Je doute qu’elle aurait quittĂ© cette activitĂ© pour son poste de secrĂ©taire smicarde dans un bureau moche.

Bref, c’est du pipeau, mais l’ensemble est tellement Ă  charge et la mode anti-soutien scolaire si forte que s’ils avaient parlĂ© de trafic de drogue et d’attouchements, tout le monde y aurait cru sans chercher Ă  vĂ©rifier


En revanche, le reste du reportage, notamment au niveau du recrutement, me laisse sans voix. Quelle honte.

M’enfin au final je me demande qui est le moins pro, le recruteur ou le journaliste qui fait le reportage?

Didier Kropp a écrit le 3 août, 2009 à 19:41
@ DesEsseintes

Ça faisait longtemps que je ne vous avais vu poster 🙂

Elle affirme avoir travaillĂ© plus de 40 heures par semaine. Soyons sĂ©rieux, c’est impossible dans le milieu du soutien scolaire.

40 h par semaine, c’est dur, mais c’est possible ❗

Certains Ă©lĂšves n’ont pas de cours le matin (et ne dorment pas), d’autres ne sont pas scolarisĂ©s dans un Ă©tablissement (CNED, DAEU, Ă©cole Ă  la maison,
), d’autres encore peuvent Ă©tudier en alternance et avoir des horaires amĂ©nageables,


Je vous accorde bien volontiers que la rĂšgle est plutĂŽt de quelques heures par jour, accordez-moi les exceptions 8)

Par ailleurs, rien ne dit que cette jeune femme ne travaillait que pour un seul et unique organisme, les intervenants qui veulent “bien” gagner leur vie avec ce job travaillent pour le compte de multiples sociĂ©tĂ©s.


 2400 Euros nets par mois. Je doute qu’elle aurait quittĂ© cette activitĂ© pour son poste de secrĂ©taire smicarde dans un bureau moche.

2.400 euros nets pas mois en pleine charge, ce qui n’est quand mĂȘme pas vraiment la rĂšgle tout au long de l’annĂ©e.

N’oubliez pas ensuite que seules les heures travaillĂ©es sont rĂ©munĂ©rĂ©es (pas de congĂ©s payĂ©s), que les cotisations sociales (donc la retraite) sont sur la base forfaitaire du SMIC, que les banques ne sont pas chaudes pour prĂȘter Ă  des salariĂ©s CESU multi-employeurs,
, en conclusion ce qui peut ressembler Ă  un salaire net consĂ©quent peut cacher une situation qui n’est pas si mirifique 😕

Dans l’ensemble, le reportage est affligeant. Ceci dit, il l’est Ă©galement d’un point de vue journalistique.

La tĂ©lĂ© aime s’adresser aux Ă©motions et non Ă  la raison, et fait ses gros titres sur les trains qui arrivent en retard et non sur tous ceux qui sont Ă  l’heure : c’est nettement plus vendeur.

Le reste du reportage, notamment au niveau du recrutement, me laisse sans voix. Quelle honte.

C’est bien pour moi un des principaux problùmes des organismes.

La famille appelle, le commercial (baptisĂ© conseiller pĂ©dagogique) dit “Oui, nous avons un intervenant qualifiĂ©â€, demande un chĂšque pour frais d’inscription, de dossier,
, un forfait d’heures de cours,
, puis ensuite cherche un intervenant
.

Et c’est lĂ  que les dĂ©rives peuvent commencer : intervenant embauchĂ© Ă  la va-vite, envoi d’un intervenant non qualifiĂ© (Ă©tudiant dans une matiĂšre littĂ©raire envoyĂ© pour donner des cours de maths,
), “ça passe ou ça casse”.

Et voici comment les gros organismes se font de la mauvaise pub, ce qui a priori ne les empĂȘche pas d’ĂȘtre quand mĂȘme florissants


DesEsseintes a écrit le 3 août, 2009 à 20:18
Au plaisir de vous retrouver, en effet!

Bref, oui et non.

Ce qui me choque, c’est cette tendance du tout mauvais. Un peu comme le rap Ă  une Ă©poque, puis le SMS, et aujourd’hui les rĂ©seaux internet, la mode consiste Ă  avancer au sujet des organismes de soutien scolaire qu’ils sont minables, que les dirigeants sont des voleurs, les enseignants des incompĂ©tents, qu’ils sont Ă  l’origine du trou de la sĂ©cu et de celui de la couche d’ozone, etc
. En gros, je sens bien un petit reportage en fin d’annĂ©e nous narrant que 90% des enseignants de chez Acado*** (par exemple) sont en fait des dĂ©linquants sexuels multirĂ©cidivistes, relĂąchĂ©s par une Justice laxiste et blablabla
 Comme ça, l’audience serait au rendez-vous : incompĂ©tence + argent + on tape sur la Justice. Allez, on le filme nous mĂȘme ce reportage? Jackpot assurĂ©.

En gros, il est sous-entendu dans ce reportage que le taux de satisfaction des familles faisant appel à ce genre d’organisme est de 0%. On frise le ridicule.

Dites, il n’y a RIEN de bon dans tout ça?

Pour revenir Ă  cette vilaine jeune femme, oui et non.

  • OUI vous avez raison : un enseignant INDEPENDANT comme vous est dans une logique de dĂ©marchage. VOUS faites l’effort de chercher des Ă©lĂšves, VOUS fixez vos horaires, VOUS dĂ©finissez le nombre d’heures travaillĂ©es, etc
 Dans votre cas, les 40h sont possibles, pour la simple raison que vous irez les chercher.
  • NON : quand on passe par un organisme, c’est qu’on refuse de chercher des Ă©lĂšves (pour des raisons bonnes ou mauvaises, peu importe). En gros, on attend que le tĂ©lĂ©phone sonne et qu’un conseiller pĂ©dagogique propose des cours. Dans cette optique, on est tributaire du bon-vouloir d’un type au tĂ©lĂ©phone qui possĂšde sur sa liste 40 profs et qui s’il ne vous “sent” pas ne vous proposera rien.

La diffĂ©rence entre elle et vous, c’est que vous dĂ©cidez votre vie professionnelle, et qu’elle la subit.

Soyez sĂ©rieux 30 secondes : cette demoiselle, avec sa tĂȘte de veau-vinaigrette, son phrasĂ© de poissonniĂšre, et son amabilitĂ© de porte de prison, vous lui filez des cours ou pas? Allons


MĂȘme en cumulant les boites elle ne peut pas faire 40h, parce que ces organismes sont tous sur le mĂȘme crĂ©neau. Vous parlez du CNED et autres. C’est bien. Mais vous m’excuserez, quand on passe par des organismes de soutien scolaire c’est qu’on a dĂ©cidĂ© de ne pas dĂ©marcher 36 entreprises et de ne pas aller chercher les heures oĂč elles se trouvent. En passant par de telles boites, on lui confie du Mercredi aprĂšs-midi, de la soirĂ©e en semaine, et basta. Donc je n’y crois pas. Donc elle ment.

Quant au salaire
 J’ai peur de ne pas comprendre (je ne suis pas trĂšs intelligent ceci dit, vous m’excuserez). 2400 Euros net, c’est ce qu’elle aurait touchĂ©. LĂ , elle ne fait visiblement plus de soutien, et bosse dans des bureaux. A Paris. Si elle n’a pas fait une ESC ou bonne Ă©cole d’ingĂ©, elle peut toujours rĂȘver pour toucher ce qu’elle prĂ©tendait gagner lors de son passage par le soutien.

Soit elle ne sait pas compter, soit elle ment.

Devinez pour quelle option je penche.

Didier Kropp a écrit le 3 août, 2009 à 23:08
@ DesEsseintes

Ce qui me choque, c’est cette tendance du tout mauvais.

C’est vendeur. Comme ce reportage d’EnvoyĂ© SpĂ©cial sur Facebook qui insistait sur ce rĂ©seau social comme repaire de dealers et de pĂ©dophiles.
C’est faux, bien sĂ»r les journalistes le savent parfaitement, mais faire peur, ça fait de l’audience.

Je n’y connais rien en socio / psycho-socio, il doit bien y avoir des explications ❓

Donc elle ment.

On en sait rien


J’imagine mal moi aussi un Ă©tudiant travaillant avec les organismes donner 40 heures de cours par semaine, mais ce n’est pas impossible.

Et en fait, quel est intĂ©rĂȘt pour l’étudiante de mentir ?

Quant au salaire
 J’ai peur de ne pas comprendre

Je me suis mal exprimĂ©, j’en ai peur.

Ce boulot est saisonnier. On bosse beaucoup disons de octobre à mai. On a quelques trÚs gros mois (dans mon cas mars-avril-mai), des mois plus creux (vacances de Noël, grandes vacances).

En admettant que l’on fasse un mois à 160 heures ou plus (je vous l’accorde, c’est exceptionnel), on en fait pas 12.

En bossant beaucoup, j’estime que l’on peut donner 1.000 heures de cours par an (croyez-moi, c’est vraiment beaucoup).
Sur cette base, on arrive pour cette jeune femme Ă  15.000 euros nets annuels – avec, pourquoi pas, un mois Ă  2.400 euros.

15.000 euros nets annuels, c’est un salaire quand mĂȘme moyen quand on a une qualification, et en plus on ne cotise quasiment pas pour sa retraite, on est prĂ©caire, les banquiers ne vous prĂȘtent pas, et on a aucune perspective d’évolution.

Donc pour moi, Ă  choisir entre un CDI mĂȘme moins bien payĂ© et ce mĂ©tier d’intervenant, le choix est vite fait.

(je ne suis pas trùs intelligent ceci dit, vous m’excuserez).

DesEsseintes, vous vous foutez de moi 😉

DesEsseintes a écrit le 4 août, 2009 à 10:34
Il me semble que nous sommes plus ou moins d’accord.

Vous reconnaissez du bout des lĂšvres que cette dame ne peut pas avoir travaillĂ© autant qu’elle le prĂ©tend. A l’entendre, les semaines de 40h s’enchainaient les unes aprĂšs les autres, et vous admettez que c’est impossible de façon aussi soutenue. Merci.

D’autant plus, et j’insiste, que contrairement Ă  vous, cette dame n’allait pas “chercher” ses heures, mais attendait simplement qu’on les lui propose. Sans effectuer la moindre dĂ©marche, sans fournir le moindre effort, ces organismes auraient livrĂ© Ă  cette dame 40h de cours par semaine, de façon rĂ©guliĂšre, Ă  tel point qu’elle se serait sentie sur les rotules?

Allons


Quant Ă  votre question “Et en fait, quel est intĂ©rĂȘt pour l’étudiante de mentir?”, lĂ , c’est vous qui vous foutez de moi 😉

Que ne ferait-on pour son petit moment de gloire télévisuel?

M’enfin, ça ne change rien au fait que le reportage est Ă©difiant. Parce que le reste, en camĂ©ra cachĂ©e, n’a visiblement pas Ă©tĂ© inventĂ©. C’est juste que le passage sur cette dame est un tissu de mensonges, et qu’un journaliste digne de ce nom aurait dĂ» vĂ©rifier si ce qu’avançait la personne interviewĂ©e Ă©tait plausible ou non.

AprĂšs, vous savez, dans le domaine de la formation au sein duquel j’évolue, les boites prestataires se foutent tout autant de leurs clients, en adoptant un double discours et des pratiques de recrutement plus que douteuses. Mais ça, personne n’en parle!

petit futé a écrit le 8 octobre, 2009 à 22:42
Ces organismes demandent tous un extrait de casier judiciaire. Ceux que j’ai vu (Anacours, legendre, dĂ©clic, ABC Scola) ont l’air plutĂŽt sĂ©rieux.
Acadomia, Keep Scholl et Complétude (le pire) sont à éviter absolument.

lave linge a Ă©crit le 11 mai, 2010 Ă  13:38
J’ai Ă©tĂ© Ă©tudiant et j’ai bossĂ© chez complĂ©tude et je confirme c’est de loin les pires

Bensmail Badradine a Ă©crit le 24 novembre, 2014 Ă  4:55
Bonjour Ă  toutes et Ă  tous, je sais que j’interviens 4 ou 5 ans plu-tard mais mon expĂ©rience en Ă©tant professeur des maths de plus de trente ans m’incite Ă  signaler que le mĂ©tier d’enseigner est trĂšs fatiguant et Ă©puisant et un professeur qui travaille plus de 30 h par semaine au maximum (selon le physique) ne donnera pas de rĂ©sultat. Il faut le vivre pour le comprendre. D’ailleurs c’est la raison pour laquelle le nombre des heures par semaine des enseignants est relativement restreint par rapport aux autres mĂ©tiers (allant de 28 h/s Ă  18 h/s du primaire au LycĂ©e). Ajoutons aussi les vacances. Et pourtant l’espĂ©rance de vie des enseignants est de 6 ans de moins de la moyenne.

porte de garage 91 a Ă©crit le 24 janvier, 2018 Ă  9:29
Excellent article, je vous en remercie